Chapitre 7 :
Le Cœur a ses Raisons que la Raison n’a pas...
Deux jours plus tard. Allongée sur mon lit en travers à écouter de la musique classique voilà comme je suis depuis ses derniers 48h. Je quitte ma chambre pour aller chercher à manger, pour la douche et j’y retourne le plus vite possible. Je fume ses paquets de cigarettes qu’elle avait si soigneusement mis dans ce sac près de moi... Je me rappelle encore de la douceur, de la blancheur de sa peau... De son sourire, de ses yeux me transperçant... Elle ne quitte plus ma tête depuis cette fameuse soirée où je l’ai rencontrée... Cette inconnue n’a rien d’exceptionnelle, mais il y a ce petit quelque chose que je n’arrive pas à saisir... Je sais juste qu’il est là, gravé en moi...
Le téléphone coupé, je rêvasse seule dans mon loft... Presque heureuse de pouvoir juste penser à elle...
Soudain, j’entends la sonnerie de la porte d’entrée. Il faut plusieurs coup de sonnettes pour que je sorte de ma chambre. Je n’attends pourtant personne alors je regarde dans le petit orifice pour découvrir l’intrus osant me déranger dans mes rêves... Océane !
Je fronce les sourcils et ouvre la porte. La rousse me découvre en pyjama...
- « Salut. » Dis-je en la faisant entrer.
- « Kikou ! Tu vas bien ? »
Elle prend place sur le canapé, je viens près d’elle avec mon paquet de cigarettes.
- « Oui, ça va... »
- « Tu en est sûre ? On... On ne t’a pas vu depuis... Depuis deux jours et puis le téléphone ne marche pas... » Dit-elle en s’inquiétant de mon état presque léthargique.
- « Je l’ai coupé... Je ne voulais voir personne... »
Océane me touche le front du revers de sa main comme pour vérifier que je ne sois pas malade.
- « Cela ne te ressemble pas... »
Je prends le paquet et découvre que c’est ma dernière cigarette, j’observe ma drogue et mon esprit s’envole dans un autre monde. Je perds la notion du temps et la présence de la rousse à mes côtés. Je souris bêtement, heureuse de devoir aller dans ce bureau de tabac où se trouver cette belle inconnue...
Soudain, je sens une main sur ma cuisse, je reviens à la réalité et tourne la tête vers la rousse... Elle se met à rire et s’affale dans le canapé tout en tenant son ventre. Je fronce les sourcils, ne comprenant pas sa réaction alors je lui dis :
- « Qu’est-ce qu’il te fait rire ? »
Aucune réponse. Je lui repose la question, mais elle n’était pas décidé à me donner une réponse dans l’immédiat alors pendant qu’elle se calme, je fume cette dernière cigarette...
Peu de temps après, elle arrive à articuler :
- « Je sais... Je... Je sais ce que tu as ! On s’est inquiété pour rien !! »
- « Et c’est quoi ? »
- « Tu... Tu es amoureuse ! Tout simplement... »
- « Non, non et non ! » Dis-je en secouant violement la tête.
- « Je suis persuadé... »
- « Et moi, je te dis que non !! Comment je pourrais être amoureuse !! Moi !! Impossible... »
Océane redevint sérieuse, mais visiblement n’en croyait pas un traître mot. Elle croise ses jambes et repose sa main sur ma cuisse tout en disant :
- « Je suis là... Si tu veux parler... Même si c’est de Sasha... »
- « Je sais... » Dis-je dans un sourire.
Cette fille avait le don d’écoute le plus exceptionnel... Ni elle juger, ni elle critiquer, aucune remarque, juste une oreille attentive et ses bras offrant le réconfort que l’on souhaitait... Une amie hors-paire...
Je ne veux pas m’éterniser sur le sujet alors j’en lance un autre tout en m’installant face à elle :
- « Et toi ? Tu es amoureuse ? Tu n’es pas comme ça d’habitude ! »
- « Heu... » La rousse rougie immédiatement.
- « On échange les rôles et répond franchement ! ok ? »
- « Oui... Si tu veux... »
- « Mégane, elle est importante pour toi ? » Dis-je avec un regard malicieux.
Océane fuit mes yeux et devient toute rouge. Elle se tortille sur elle et joue avec ses doigts mais elle dit :
- « Oui... Elle... Elle est très importante... »
- « Ne redevient pas cette fillette toute timide, s’il te plait... Je ne suis pas Chris et tu le sais ! Tu peux parler librement ici et tout ce que tu diras restera entre nous... »
Soudain, elle me fixe avec ses yeux verts... Ils pétillent de vie, de joie...
- « On est ensemble depuis peu... Personne le sais... (Soupir) C’est... C’est WOAW !! »
Je souris, heureuse de la voir dans tous ses états. Je l’écoute attentivement, elle poursuit :
- « Avec elle, je ne sais pas... Je suis différente ! J’arrête de bégayer, je rougis mais sans plus ! Je me perds dans ses yeux, mon cœur s’affole quand Mégane est près de moi... Je suis amoureuse... J’ai l’impression que c’est réciproque... (Elle détourne légèrement les yeux de moi et se perd dans ses pensées) On a appris à se connaître, notre conversation est riche et vraiment agréable... On sait vu tous les jours depuis notre rencontre, à rester les yeux dans les yeux, des fois aussi sans parler... Elle est... Elle est exceptionnelle... »
- « C’est l’Amour... »
Elle me fixe de nouveau et prend ma main enthousiaste :
- « Peut-être le vrai ? Celui dont je rêve depuis que je gamine ! J’aimerais tellement... »
- « Je l’espère... Vraiment... » Dis-je en la prenant dans les bras.
- « Par contre, ne le dis pas. S’il te plait... Je veux attendre un peu avant que les filles lui sautes dessus !! »
Elle est comme prise de panique.
- « Pas de soucis et je te promets que quand elle viendra avec nous, vous serez tranquille... Ok ? »
- « Ok ! Merci Kaelyne... Merci... »
Après un petit moment d’émotion, nous continuons à discuter de Mégane devant un bon café et puis je la raccompagne à la porte. Je lui promets que je vais sortir de mon appartement et que je remettrais le téléphone en marche.
Sitôt elle est partie, sitôt je suis habillé pour aller chercher mes clopes. Je me pomponne du mieux que je peux à la vue de l’heure tardive. Je saute dans ma voiture et me gare un peu avant le bureau de tabac. Je marche doucement sentant lentement monter une drôle de sensation ; le stress, l’appréhension ainsi que l’angoisse qu’elle ne soit pas là... Je sens aussi en moi, l’enthousiasme, la joie de revoir son sourire, ses yeux bleus... Je m’arrête juste avant l’établissement, je souffle un bon coup tentant d’évacuer cette pression, mais au moment de d’avancer vers la porte, je me colle le dos contre le mur tout en fermant les yeux...
- « Je vais y arriver... Allez courage ! Ce n’est qu’une fille après tout... Une parmi tant d’autres ! Kaelyne ressaisit toi !! »
Je reprends une posture normale et me lance. Cette fois, je franchis la porte... Un homme assez grand et baraqué est devant moi. Je ne la vois pas. Je la cherche des yeux, mais elle n’est nulle part... Je baisse la tête. Totalement déçue et abattue... J’attends simplement mon tour.
- « Merci ! Passez une bonne soirée ! »
Je relève la tête vivement. C’est sa voix, j’en suis sûre... L’homme part et je la vois... Elle me sourit simplement tout comme moi... J’avance doucement, au fur et à mesure de mes pas, mon cœur s’emballe, ma respiration s’accélère et j’ai les mains moites malgré le froid de cette saison...
C’est elle, celle dont je rêve depuis des jours... Toujours aussi belle, ses yeux étincelants, son visage angélique... Encore plus magnifique que dans mon souvenir... Il y a comme une attraction irrésistible...
- « Bonsoir... »
J’essaye de parler, mais une boule me serre la gorge. Je retente :
- « Bon... Bonsoir... »
- « Si je me souviens bien, c’est deux paquets de Camel ? Non ? »
Elle plonge ses yeux dans les miens, je suis envoûtée... Plusieurs secondes s’écoulent avant que je réponde :
- « Bonne... Bonne mémoire... Mais, je n’en veux qu’un pour aujourd’hui... »
- « Je vous donne ceci, tout de suite. »
Mon cœur manqua un rebond sous son sourire éclatant... Je sors doucement l’argent tout en l’observant. Elle prend la monnaie se trouvant dans ma main sans me lâcher des yeux. Quand je sens sa peau sous mes doigts, je cru défaillir, la sensation était accrue par ce regard intense... Malheureusement, elle détourna les yeux pour compter et mettre dans la caisse... En rompant le contact visuel, je reviens peu à peu à moi et prend le paquet pour le fourrer dans mon sac.
- « Merci... »
- « Passez une bonne soirée ! » Dit-elle malicieusement.
- « Vous aussi... » Dis-je en reculant comme la première fois.
Finalement, je détourne le regard avec la mort dans l’âme, je me sens tellement apaiser, calme quand elle me regarde et pourtant un tourbillon de sensation passait en moi... J’allais franchir la porte quand elle m’interpella. Je tourne la tête et elle me lance, les joues légèrement rosies :
- « Puis-je savoir votre nom ? »
Je souris de plus bel, j’ai du mal à revenir dans la réalité.
- « Kaelyne... Et vous ? »
- « Coralie... »
Soudain, je ne sais comment... Mon courage, mon aisance à parler, mon assurance me revint et c’est dans un sourire malicieux ainsi qu’un regard envoûtant que je dis :
- « Enchantée de faire votre connaissance... Coralie... »
- « De... Même... Kaelyne... » Dit-elle visiblement déstabiliser par ce nouveau comportement.
- « Passez une bonne soirée et à bientôt... »
- « Merci... À vous aussi... »
Je quitte le bureau de tabac en lui faisant un clin d’œil pour ensuite courir à ma voiture et m’enfermer dedans. Je pose les mains sur le volant ainsi que mon front tout en reprenant mon souffle. Puis je relève la tête tout en me regardant dans le rétroviseur...
Apprendre à Oublier 
